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Les PFAS, sujets d’inquiétude scientifique 

22.03.2021

Un PFAS, deux PFAS, trois PFAS. L’énumération peut se poursuivre longtemps, tant il existe de ces molécules, dont le nom vous est peut-être étranger alors que vous les côtoyez chaque jour. De la même manière que l’amiante, qui fut adorée des industriels, est aujourd’hui abhorrée, les PFAS posent une interrogation légitime, parfois inquiétante, pour l’environnement et la santé humaine. Revenons sur leur fondement scientifique et les questionnements quant à l’usage industriel qui en est fait.  

 

 

Le PFAS, présent dans chaque foyer 

 

[Téléchargez notre infographie explicative pour mieux comprendre les PFAS]

 

Depuis l’après-guerre, les produits manufacturés sont de plus en plus nombreux à contenir des PFAS, comme le Téflon aux nombreux usages. Mais l’utilisation de cette famille de molécules de synthèse, pour la fabrication de biens à usage quotidien, ne s’est généralisée que dans les années 1970. Depuis le scandale révélé par le film Dark Waters en 2019, l’opinion publique américaine notamment demande des comptes aux industriels ne respectant pas toujours la législation en vigueur.

 

 

 

Les PFAS, c’est quoi ? 

 

La première chose à savoir au sujet des Substances Per- et PolyFluoroAlkylées, plus simplement appelées PFAS, c’est que, malgré des recherches qui ont permis d’en apprendre pas mal sur leur comportement, il reste plein de choses à découvrir au sujet de leur impact sanitaire et environnementalC’est-à-dire, que leur nombre et leur nature ne nous permettent pas à l’instant t, de mesurer l’ampleur de leur dispersion et les effets induits sur les écosystèmes naturels et humains. 

 

Il s’agit donc de substances chimiques constituées de chaînes carbonées dont les atomes d’hydrogène sont partiellement ou totalement substitués par des atomes de fluor. La durée de vie de ces molécules est extrêmement longue, au point que certains les qualifient de produits chimiques éternels (FC=Forever Chemicals)Les chimistes affirment aujourd’hui recenser 4730 PFAS différentes, certaines étant si proches d’autres que le regroupement de ces molécules en familles n’est qu’une question de temps. 

 

Les PFAS, pourrait-on dire, manquent d’adhérence et repoussent l’eau et l’huile. L’industrie s’en sert justement pour que rien n’attache ni ne tâche : poêles et vêtements déperlants trouvent en eux leur secret notamment. 

 

Les PFAS les plus connus sont le PFOA et le PFOS, tous deux présentant une dangerosité vérifiée et faisant l’objet d’une interdiction au sein de l’Union Européenne, depuis le 4 juillet 2020. Plusieurs autres PFAS posent interrogation, comme le GenX par exemple, et des évaluations restent à accomplir dans un avenir proche. 

 

Des substances qui nous entourent 

 

Si les PFAS sont considérés comme une pollution en milieu naturel, par leur toxicité et leur origine anthropique ; la raison de leur arrivée dans les écosystèmes est l’utilisation que nous en faisons tous au sein de nos habitations. La plupart des tests effectués dans les sols ou les rivières révèlent leur présence, à des concentrations parfois inquiétantes, malgré le fait que l’on sache analyser quelques composés. 

 

Comme évoqué plus haut, ces substances se forment volontairement ou parfois involontairement par les process de transformation industrielle, afin d’obtenir divers effets sur les produits manufacturés. L’exemple le plus parlant en est le revêtement antiadhésif appliqué sur les poêles, qui présente cette propriété grâce aux PFAS. Il en va de même pour nombre de produits du quotidien ; pour n’en citer que quelques-uns, les vêtements (notamment déperlants), les emballages alimentaires, les produits cosmétiques ou encore les solvants en contiennent.  

 

La diffusion des PFAS est de notre fait à tous, par divers biais. Une peinture déversée dans un évier le grand nombre d’emballages alimentaires, l’utilisation d’aérosols ou de crème solaire en contenant, les libèrera un peu partout. Ce qui nécessite une réflexion sur leur effet à court et long terme sur le vivant. 

 

 

Comment considérer ces molécules ?  

 

Peu d’études ont encore été menées, qui ont permis de décrypter le comportement de quelques dizaines de PFAS particulières dans les différents milieux (aérien, souterrain ou au sein des plans d’eau et des organismes vivants) et au contact des différentes matières. La majeure partie du travail d’étude est donc devant nous, maintenant que l’intérêt en est avéré. 

 

Les PFAS sont-ils dangereux ?  

 

A cette question, il n’existe pas de réponse toute faite. Parmi les 4730 substances recensées, si elles sont toutes toxiques, certains le sont plus que d’autres. De même que le type de nocivité (aiguë ou chronique, par exemple) dépend le plus souvent de la concentration de la substance dans un milieu don. A ce jour les VTR relatives à ces composés sont lacunairestant en ce qui concerne, intrinsèquement les composés documentés et de manière générale, sur le nombre de composés qui possèdent des données de ce type. 

 

La science doit répondre à plusieurs questions d’ordre général : quels PFAS sont les plus nocif? Lesquels vont le plus se dégraderse transformer dans l’environnement ? Dans quels milieux faut-il absolument limiter leur diffusion ? Puis il sera nécessaire d’évaluer, pour chaque substance, le taux de concentration déclenchant une nocivité à éviter et son impact sur la santé humaine comme sur les environnements proches. 

 

Côté santé, il a clairement été démontré que les PFAS sont cancérogènesresponsables d’effets perturbateurs endocriniens ou de troubles de la thyroïdeMais il est difficile de résoudre une problématique en bloc : or, prioriser nécessite d’affiner nos connaissances sur les voies de transfert, les effets dans chaque cas d’exposition… est-ce que tous les individus sont sensibles de la même façon…  

Des éléments toxicologiques sont connus sur quelques molécules cependant il persiste une carence d’information sur 98 % des composés de cette famille. La complexité est de taille si nous prenons en compte les potentiels effets cocktails au sein des composés dans cette famille chimique ainsi qu’ avec les autres substances libérées par l’homme dans le milieu naturel.

 

A l’heure actuelle, la recherche reconnaît plutôt des effets de type « perturbateur endocrinien » des PFASdifficilement modélisables à court termpar des tests sur les animaux, mais prouvées par des études médicales, donc forcément à postériori.
 

Il existe une VTR (Valeur Toxicologique de Référence) pour les effets dits sans dose. En effet le risque est le résultat de la dangerosité dans les conditions d’exposition. On calcule dans ce cas un excès de risque individuel dont le résultat doit rester inférieur à 10-5, ou la Probabilité supplémentaire, par rapport à un sujet non exposé, qu’un individu développe un effet associé à une exposition pendant sa vie entière à une unité de dose (ou de concentration) d’un agent dangereux. 

 

Une question d’usage 

  

L’usage est ici un élément primordialMême si tout ce que nous utilisons au quotidien est susceptible de nuire à notre santé, directement ou indirectement, il est indispensable de posséder des données comparatives, afin de chercher à écarter les substances dont le rapport bénéfice/risque est le plus faible. 

 

C’est l’usage que nous faisons des choses qui détermine leur toxicité à notre égard, et parfois nous acceptons consciemment la nuisance au regard des avantages procurés 

 

Il en va de même pour les PFAS. 

Ceux contenus dans les poêles, s’ils ne se retrouvent jamais en contact avec nos organes internesresteront probablement étrangers à nos maux. Mais si votre poêle présente des signes d’usure, c’est que vous avez été probablement exposé, indirectement, par les aliments qui y ont été cuisinés puis ingérés. En revanche, moins de chance que la membrane imperméable de votre surveste pénètre dans votre organisme. 

Ceux contenus dans les mousses utilisées par les pompiers lors d’une intervention sur un brasier de combustion d’hydrocarbures, en revanche, se répandent massivement danles milieux naturels environnants, dont certains peuvent revenir vers les hommes par des voies parfois détournées 

 

Pour déterminer le niveau de nocivité réelle de chaque PFAS, il convient de déterminer comment le corps humain y est exposé (par respiration, ingestion ou voie cutanée) et de mesurer leur effet dans chacun des cas, même à faibles dosesL’eau du robinetl’un des aliments les plus essentiels et élémentaires a été identifiée comme l’un des vecteurs importants d’ingestion de PFAS, de même qu’ils se diffusent vers nos poumons lorsque nous actionnons certains aérosols 

 

L’étude des usages nous permettra de déterminer pas dans quels cas d’exposition ils s’avèrent risqués pour la santé et de protéger nos concitoyens de l’exposition par des actions ciblées.

Les polluants de type PFAS ont un impact sur la santé humaine

 

Les pistes d’action 

 

Face à l’inquiétude grandissante descientifiques, l’appel à l’action prend de l’ampleur. Reste à déterminer une méthode efficace pour répondre à l’intérêt général, qui comprend autant la santé humaine que les enjeux économiques et de confort – il n‘est donc pas si simple de bannir purement et simplement les PFAS de nos vies selon le principe de précaution. 

 

Eliminer les PFASoui, mais comment ?  

 

Faut-il intervenir dès la conception des molécules et sommer les industries d’en arrêter la synthèse, ou s’attacher à les éliminer des écosystèmes ? 

D’aucuns voudraient certainement éliminer les PFAS de nos vies, en interdisant l’utilisation des substances concernées au sein de nos industries. Mais il est nécessaire de vérifier si les produits de substitution, dont certains sont encore inconnus, ne présentent pas des risques supérieurs. 

D’autres veulent s’attaquer aux PFAS accumulés en milieu naturel, puisque, en laboratoire, on sait les détruire. Pourtant, la solution est parfois pire que le mal en brûlant certains PFAS par exemple, ou en les oxydantde nouveaux PFAS issus de la dégradation des molécules « mères » ou des sous produits de décomposition plus nocifs encore peuvent se formerCes méthodes de destruction sont pourtant parmi les plus efficaces dont nous disposions à grande échelle pour traiter d’autres polluants. 

 

La piste à privilégier pour le moment est la capture de ces molécules et le traitement pouvant être apporté sur des points cruciaux en relation avec un niveau de danger élevé. 

Elles n’ont pas leur place . 

 

Mais à quel moment les capter, dans quel compartiment ? les eaux souterraines ? les rivières ?
Une fois de plus, les PFAS ont de la ressource et le charbon actif permettant habituellement de séquestrer les polluants manque ici d’efficacité. 

 

Enfin se pose la question du moment de l’intervention. Au-delà de l’efficacité scientifique, il s’agit d’un problème de société qui nécessitera l’intervention du législateur.  

 

De la difficulté de légiférer 

 

Pour établir un texte de loi, le politique doit pouvoir s’appuyer sur des éléments concrets aux fondements solides. Or, ainsi que nous l’évoquions plus tôt, la toxicité effective de la plupart des PFAS nous échappe encore. Sans caution scientifique, édicter un texte a toujours des effets multiples (sur les produits manufacturés, sur la nécessité de trouver des substituts : on l’a vu « seront-ils moins nocifs ? ») 
Et la difficulté de créer un règlement équitable pour les différentes parties prenantes est grande. L’arbitrage est à mesurer entre le devoir de prévention et celui de contenter les attentes de tout un chacun et notamment des consommateurs qui réclament des produits efficaces pour répondre à leurs besoins. 

 

difficile de légiférer sur les sujet des PFAS car le sujet est encore peu connu

La législation des polluants PFAS est encore trop difficile car le sujet est trop peu connu

 

 

 

L’étape législative doit se renforcer encore probablement quelques années, en s’appuyant sur des études plus complètes et plus précises. Une solution intermédiaire pourrait toutefois émerger, en limitant la présence des PFAS dans les produits les plus à mêmes de mettre la population à leur contact (certaines poêles par exemple apparaissent avec la mention “Sans PFOA“ sur leur emballage). Des mesures pourraient être prises afin de stopper la chaîne de propagation de ces moléculedans l’environnement. 

 

Prendre le temps de la réflexion 

 

A l’heure actuelle, peu de PFAS sont analysées en routine dans les laboratoires dédiés à l’environnement : quelques dizaines sont systématiquement identifiéesmême si ce nombre tend à croîtreL’heure est à l’observation et à l’analyse. En France, l’ADEME, notamment, est à l’initiative de tables rondes de réflexion entre acteurs de terrain (industriels, dépollueurs) et scientifiques.  

 

La démarche des laboratoires scientifiques face aux PFAS 

 

Des laboratoires de R&D privéscomme celui de VALGO se sont lancés depuis quelques années dans la recherche globale sur les PFAS dans l’objectif de trouver des solutions pour assainir à terme la terre, les sols et les eaux de ce polluant. 

 

  • Les questionnements portent notamment sur une manière de limiter les possibilités de nuisance des PFAS en attendant d’en savoir davantage à leur sujet.
     
  • Quels impacts, aigus ou chroniques, auront les PFAS sur les écosystèmes terrestres et marins ? 
  • Quelles sont les substances dont il faut encourager rapidement la limitation, voire le bannissement ? 
  • Peut-on traiter les eaux usées rapidement pour en éliminer ces substances ?  

Et nombre d’autres interrogations exigeant une réflexion de fond.  

 

 

Les polluants PFAS sont analysés en routine en laboratoire

En laboratoire, les polluants de type PFAS sont analysés en routine pour mieux comprendre leurs impacts

 

 

Si le sujet est aujourd’hui abordé avec une gravité alarmiste et probablement à raison, chercher à détruire les PFAS est prématuré au regard des informations incomplètes dont nous disposons.
D’autant plus que certains d’entre eux peuvent nous rendre service sans présenter de nocivité si bon usage en est fait. 

La recherche a encore besoin de temps afin de cerner les contours de leur création, de leur dégradation et de leur impact sur la santé de l’Homme et des écosystèmes. 

 

Gageons que la liste des substances nuisibles s’allongera très bientôt et que le législateur pourra intervenir à bon escient afin d’écarter ce danger de nos vies et du reste du vivant. 

 

 

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